Blazon, Nina. La femme du vampire

Au XVIIIe siècle, en Serbie, la jeune Jasna est vendue par son père à Jovan, un riche propriétaire, qui cherche une épouse pour son fils Danilo. Elle quitte alors ses soeurs et la maison paternelle pour s’installer dans les trois mystérieuses tours de la famille Vukovic. Très vite, Jasna réalise que son mari cache un sombre secret. Une fois le mariage célébré, il ne l’approchera plus jamais. Des faits effrayants se produisent : morts suspectes de villageois, moutons égorgés, chevaux blessés… Danilo serait-il un vampire ? C’est avec Dusan, un bûcheron fantasque – le seul à lui avoir tendu la main -, que Jasna va découvrir toute la vérité.

Les affaires vampiriques du XVIIIe siècle ont rarement servi de base aux littératures de l’imaginaire, qui leur préfère les classiques de Stoker, Polidori ou Le Fanu. Aussi c’est avec intérêt que j’ai entamé la lecture de ce roman, après être tombé sur une chronique plutôt élogieuse. Et bien m’en a pris car, même si le style de l’auteur n’a rien de foncièrement original, le fond est d’une qualité certaine. Mêler à un récit romanesque les affaires Paole et Plogojoviz, et faire de Medvegia le cadre principal de l’histoire, voire y faire intervenir certains des personnages clés de l’affaire, comme le médecin Flückinger, en voilà une idée !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ces personnages et villes, il s’agit des cas les plus connus de vampirisme du XVIIIe siècle, qui ont concrétisé un véritable raz de marée d’affaires vampiriques, et dont l’une au moins a été relaté par le Marquis d’Argens dans ses Lettres juives. Des affaires qui aboutirent au célèbre livre de Dom Augustin Calmet, que Voltaire tourna en ridicule dans l’article Vampire de son encyclopédie. En quelques sortes, ces histoires ont servi de terreau aux premiers textes vampiriques, et trouvent leurs sources dans le folklore est-européen. Il s’agit donc de textes fondateurs, même s’ils n’appartiennent pas à la littérature romanesque.

Nina Blazon choisit donc de placer son histoire au cœur de cette affaire qu’est le cas Arnold Paole. L’imbrication est réellement réussie, de même que la plongée au coeur du XVIIIe siècle que propose le récit. On est certes dans un texte pas d’emblée destinée aux adultes, mais qui propose un moment de lecture riche en rebondissement, avec un jeu très réussi sur l’hésitation entre fantastique et réalisme (à travers le thème de la maladie). Jusqu’aux dernières pages, le doute reste possible, et même au-delà…

L’auteur a donc choisit d’attaquer le mythe du vampire sous l’angle folklorique. Les vampires sont donc des créatures qui ont pu être maudites ou mordues de leurs vivant, qui deviennent des vampires en mourant. Elles ne peuvent se déplacer que la nuit venue, et sèment la mort autour d’elles, les personnes qu’elles approchent dépérissant. On peut les dénicher à l’aide d’un cheval, qui se cabre à l’approche de la tombe du vampire, et ils peuvent être détruit si on leur enfonce un pieu de bois en plein cœur et si on les décapite. Certains rituels permettent également de les empêcher de revenir d’entre les morts. Les symboles religieux sont également des très bonnes armes pour repousser les vampires.

Sans être forcément un chef d’oeuvre, ce roman de Nina Blazon est une vraie découverte, qui renoue avec les origines du mythe. En pleine période de romantisme mièvre et autre édulcoration du mythe, c’est aussi inespéré que salvateur !

Une réponse à Blazon, Nina. La femme du vampire

  1. Serafina dit :

    Il me tentais mais j’avais peur de tomber (encore) sur du romantisme mievre. Il semblerait qu’il n’en soit rien, je vais donc l’acheter XD

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