Beurq, Jean-Marie – Lapeyre, Bruno – Berteloot, Guillaume. Aurelia – Tome 1. Le réveil d’une malédiction

Roumanie, 1992. En apprenant la mort de Ceaucescu, le petit peuple de Bucarest est descendu dans les rues en criant: « Drakula est mort! Drakula est mort! » Mais, en disparaissant, le conducator a laissé un pays exsangue, un peuple de loups affamés, en proie à ses peurs ancestrales, quand les anciennes malédictions ne demandent qu’à resurgir… C’est dans ce contexte qu’apparaît la mystérieuse Aurelia. Est-elle cette belle et délurée étudiante qui ne rêve que de fuite, quitte à se jouer des vieilles légendes et de la naïveté d’un chasseur de vampires écossais? Ou, derrière son envoûtant sourire tzigane, se cache-t-il un authentique démon, la survivante d’une lignée vampirique qui cherche surtout à fuir des justiciers de l’ombre tout aussi inquiétants ? En mettant ses pas dans ceux d’Aurelia, le lecteur n’est pas sûr qu’il pourra s’en sortir indemne…

Voilà un album pour le moins intriguant, sorti chez un éditeur qui ne s’était jusque-là pas aventuré sur les chemins du neuvième art. Les Editions Juste Pour Lire nous propose donc un album dont l’intrigue se déroule dans les mois qui ont suivi la chute du conducator, le sinistrement célèbre Ceaucescu. Les auteurs se sont en effet essayé à lancer un héros étranger sur les traces de Vlad Tepes, dans le contexte de la chute du dictateur roumain. Un parti pris qu’on avait déjà pu appréhender au travers du Fils des Ténèbres de Dan Simmons, qui n’avait jamais été abordé en bande dessinée.

Si l’histoire n’est pas absolument prenante (quelques incohérences de-ci de-là ainsi que quelques longueurs), force est d’avouer que les dialogues sont assez succulents et bien vu, ce qui donne un intérêt certain aux relations entre les personnages et à leur psychologie. C’est par ailleurs assez amusant, quand on est allé sur place, de voir que les auteurs se sont assez documenté pour dresser un portrait graphique plutôt fidèle des lieux mis en scène, depuis la maison natale de Vlad Tepes à Sigishoara jusqu’aux ruines de la forteresse de Poïenari, en passant par le Bucarest post-Ceacescu.

Les dessin sont à mon sens le gros point faible de l’album, et entachent à eux seuls la qualité des dialogues, qui arrivent assez bien à palier les quelques lenteurs du scénario. Assez réaliste dans l’ensemble, il pêche surtout par des couleurs ternes qui font assez vieillies (comme si La briqueterie de Tito sortait aujourd’hui) , alors que l’album n’est dans les bacs que depuis quelques mois. Le trait n’est par ailleurs pas toujours très précis, ce qui aboutit à des cases où les proportions ne sont pas toujours très heureuses, et le contour des personnages pas toujours réussis. Dommage car certaines cases montrent une utilisation pas mauvaise des ombrages.

Vampiriquement parlant, on est donc à la fois sur les traces de la créature née sous la plume de Bram Stoker et sur celles du personnage historique qui l’a inspiré. Si on ne rencontre pas directement de vampires, de nombreux personnages laissent planer le doute quant à leur statut ou nom de créature de la nuit, et il y a fort à parier que la suite aille plus loin sur le sujet. On croise cependant la traces d’animaux sauvages avides de sang, qui laisse planer le doute sur l’existence de vampires capables de se transformer en loup. Mac Namara croisera également la route d’un sinistre personnage, qui se dit descendant de Vlad Dracula, ne supporte pas la lumière du jour et a besoin de transfusions sanguine régulière.

Une bande-dessinée qui vaut surtout pour ses savoureux dialogues, mâtinés d’un humour pas désagréable. L’histoire risque cependant de s’avérer plus rythmée dans le second opus, celui-ci faisant davantage office d’introduction. Espérons que le dessin soit plus affirmé pour la suite !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *