Sato, Shimako. A Tale of a Vampire. 1992

It was many and many a year ago
In a kingdom by the sea
That a maiden there lived, whom you may know
By the name of Annabel Lee

C’est par ces quelques lignes du poème d’Edgar Allan Poe Annabel Lee, que commence la triste histoire d’Alex Warlock, étudiant en thèse le jour et vampire condamné à boire le sang humain la nuit.

Dans la bibliothèque où il fait ses recherches, Alex voit en Anne la bibliothécaire, la belle Virginia qu’il a autrefois tant aimée. Anne est rapidement intriguée et attirée par l’étrange Alex. Mais un utilisateur de la bibliothèque, Edgar, également vampire et ancien époux de Virginia, révèle la vraie nature d’Alex à Anne. Celle-ci ira trouver la vérité par elle-même, dans le repaire même du vampire, quitte à en perdre la vie.

Ce film de vampire poético-gothique inspiré par un poème d’Edgar Allan Poe reste assez peu connu, malgré (en raison de ?) sa sortie en salle la même année que la tornade draculéesque de Coppola. Ce film romantique ne présente pas d’effets spéciaux, seuls l’ambiance et le jeu d’acteur sont mis en avant.

L’oppression des lieux (bibliothèque, rues étroites de Londres, bâtiments insalubres, les docks embrumés) nous ramène sans arrêt à la douleur d’Alex, jouée brillamment par Julian Sands, pressenti dans un premier temps par Anne Rice pour jouer Lestat dans Entretien avec un vampire. En effet, Alex ressent en lui la souffrance de feue Virginia, souffre lui-même de sa difficile condition de vampire, à constamment réfréner ses instincts sanguinaires devant Anne (encore une scène de coupure de doigt, un bon classique), bref de vivre une vie de damné.

Les sentiments de solitude, de tristesse et d’amour que porte Alex pour sa morte épouse sont terriblement bien joués par Sands mais également par Suzanna Hamilton, qui joue Anne/Virginia. Ce personnage reste d’ailleurs indéfinissable tout au long du film car les allusions aux liens qui l’unissent avec Alex sont flous. Il l’aimait comme un père lorsqu’elle était enfant, comme un amant lorsqu’elle est devenue adulte, puis comme un vampire face à sa réincarnation. Mais est-ce vraiment elle ? Finalement, sait-il ce qu’il cherche vraiment ?

On est loin des films sanguinolents aux canines démesurées et aux prises de karaté. Ici, point d’effets spéciaux, aucune canine, très peu de violences, mais beaucoup de non-dits. On se focalise sur l’émotion, sur la subtilité des sentiments des personnages, et ce qui pourrait apparaître comme des longueurs parfois restent des scènes utiles à mon sens. Le film est lent, tout comme la pauvre existence de ces non-morts.

Le vampire de ce film dort le jour, dans un lit et non un cercueil, ses yeux ne sont jamais injectés de sang, il boit le sang des animaux et humains indifféremment.

Un film que je recommande aux amateurs d’œuvres vampiriques ainsi qu’aux gothiques romantiques, cf. la dernière scène du film…

Enfin, et juste pour le plaisir, je conclurai de la même manière dont se termine le film en citant Poe une dernière fois:

For the moon never beams without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee
And the stars never rise, but I feel the bright eyes
Of my beautiful Annabel Lee.
And so, all the nighttide, I lie down by the side
Of my darling! My darling, my life and my bride.
In her sepulchre, there by the sea,
In her tomb, by the side of the sea.

Sato, Shimako. A Tale of a Vampire. 1992
Sato, Shimako. A Tale of a Vampire. 1992
Sato, Shimako. A Tale of a Vampire. 1992

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