Martin, Jean-Loup. Jean Rollin, Être et Avoir. 2015

Décédé en 2010, Jean Rollin est un réalisateur incontournable pour qui s’intéresse au cinéma fantastique français, et a fortiori ce qui concerne la place du vampire dans le 9e art. 26 films, entre 1958 et 2010, jalonnent la carrière du réalisateur, acteur, scénariste et auteur. Habitué des très petits budgets, fidèle à ses acteurs, Rollin est un OVNI du cinéma français, ce qui lui aura permis de vérifier l’adage « nul n’est prophète en son pays ». À travers des extraits des films du réalisateur, des témoignages des acteurs qui ont joué pour lui et d’une journée en immersion dans le tournage du Masque de la méduse, son dernier film, Jean-Loup Martin propose de découvrir Jean Rollin différemment.

Si plusieurs des films de Jean Rollin ont été chroniqués sur Vampirisme.com, j’avoue ne pas forcément avoir accroché à chacun d’eux. Mais on ne peut nier le sens de l’image du réalisateur, en effet, on a souvent l’impression qu’il pense ses scènes comme des œuvres picturales. Son cinéma est certes souvent fauché, mais il n’est pas sans quelques scènes particulièrement belles, dont La Nuit des horloges, faisait une belle synthèse (tout en proposant une immersion dans la carrière du réalisateur et ses personnages).

Le documentaire de Jean-Loup Martin apparaît davantage comme un hommage que comme un éclairage de la vie du réalisateur. En choisissant de donner la voix à certains de ses acteurs récurrents, tout en montrant Rollin dans ses œuvres via l’une des journées de tournage du Masque de la méduse, Martin pose une caméra attendrie sur le cinéma d’un vrai passionné, synthèse du cinéma de son époque et du surréalisme dans lequel il a baigné, et qui se donnait totalement dans ses projets (alternant ainsi dialyses et tournage), même quand les budgets venaient à manquer.

Bien évidemment, difficile de faire un documentaire sur Jean Rollin sans parler de la figure du vampire, présente tout au long de sa carrière, depuis Le Viol du vampire en 1968. Une figure quasi exclusivement féminine chez lui, séduisante et attirante tout en étant  fatale. Certes, il  est fait recours aux accessoires traditionnels (les crocs, la cape), mais Rollin joue aussi avec le mythe (à l’image de ces deux orphelines vampires qui sont aveugles durant la journée).

Au final, il faut être objectif : le documentaire n’est pas parfait, certaines coupes du son sont brusques, et le volume de la partie making off empêche parfois de comprendre tout ce qui se dit sur le plateau. Mais l’ensemble n’en demeure pas moins intéressant pour ceux qui apprécient l’œuvre du cinéaste, et s’avère être un témoignage du mystère qui entoure sa manière d’envisager le cinéma.

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