Fisher, Terence. Dracula, Prince des ténèbres. 1966

Deux couples de touristes anglais en vacances dans les Carpathes prennent la décision se se rendre à Carlsbad, contre l’avis du père Sandor qui leur a pourtant enjoint d’éviter cette destination, et son château de sinistre réputation. Laissé par leur cocher effrayé à la croisée des chemins, les quatre héros voient soudain apparaître une calèche sans cocher qui les conduit sans qu’ils puissent faire grand chose au château. Sur place, ils ont la surprise de voir que leurs bagages ont été installés dans les chambres, et qu’un souper les attend, servi par le mystérieux Klove, seul habitant des lieux qui dit respecter les dernières volontés de son maître, feu le comte Dracula.

Si le Cauchemar de Dracula a été chroniqué il y a de nombreuses années sur Vampirisme.com, trop peu de films aux dents longues de la Hammer se retrouvent sur les pages du site. C’est pourquoi c’est avec un intérêt certain que j’ai sauté sur l’occasion de voir ce deuxième opus draculéen du célèbre studio anglais, à l’occasion d’une soirée thématique des Epouvantables Vendredi. Suite tourné près de 10 ans après le premier opus, Christopher Lee ayant rechigné à reprendre jusque-là la cape, Dracula Prince des Ténèbres n’en est pas moins une très belle réussite, représentative du studio. On retrouve avec plaisir l’ambiance gothique du premier film, avec toujours le château du comte comme point d’orgue. Le film est cependant très différent du premier opus, car le comte en est absent de près de la moitié, une première moitié qui nous amène justement à sa résurrection. En résulte une ambiance très pesante, appuyée par la partition de James Benard, qui nous amène peu à peu vers le moment inéluctable.

Bâtie autour d’un script établi près de 10 ans auparavant, et retravaillé entre-temps, cette suite possède certes quelques incohérences et petites erreurs mais qui ne nuisent pas plus que ça à la qualité de l’ambiance. La patte Hammer est certes bien présente, que ce soit à travers les décors et paysages gothiques chers au studio, un Christopher Lee habité par son rôle, et un moine chasseur de vampire qui parvient honorablement à prendre la succession de Peter Cushing. La réalisation est toujours aussi efficace, magnifiée par une introduction qui met d’emblée en scène le père Sandor dans son rôle de spécialiste ès vampirisme. Le reste du casting n’est pas en reste, chacun des acteurs participant à la réussite du projet, en faisant preuve d’une conviction certaine. Les amateurs du studio retrouveront également le couple Eros et Tanathos qui traverse toute la production de la Hammer, représenté ici par le duo des deux jeunes femmes pour la touche féminine, et par quelques scènes où le sang coule abondamment pour la part d’horreur.

Une grosse nouveauté à noter, en plus de l’absence de Dracula pendant une partie importante du film : l’absence de dialogue du vampire, qui permet au réalisateur de se rapprocher de son absence de prise de parole dans le roman original. Dracula apparaît ici comme un monstre mû par ses instincts qui n’a vraiment plus rien d’humain, hormis son enveloppe charnelle. Il est d’ailleurs bon d’appuyer sur la volonté du studio de se rapprocher davantage du roman de Stoker, même si la trame est totalement différente. Ludwig figure ainsi Renfield, Diana a de gros points communs avec Mina (sans même mentionner la scène ou Dracula essaie de lui faire boire son propre sang), etc. Une volonté intéressante car utilisée avec parcimonie, par petites touches.

Dracula, puis une de ses victimes, sont donc les vampires présents dans cette suite. Le scénario permet de mettre en scène la résurrection d’un vampire, qui a besoin du sang d’un être humain pour reconstituer son corps réduit en cendre. Le comte utilise par ailleurs son pouvoir d’hypnose à de nombreuses reprises, de même que son importante force physique. Quant aux moyens de détruire ou repousser les vampires, si on a droit aux classiques pieux et crucifix (et si l’ail s’avère peu efficace), les scénaristes ont en plus eu recours à une caractéristique peu utilisé dans les films du genre : l’impossibilité pour un vampire de traverser une eau vive. La seule morsure de Dracula (les vampires possèdent ici de longues canines) semble enfin à même de transformer un être vivant en vampire, si elle n’est pas assez bénigne pour être cautérisée.

Un film qui prend avec brio la suite de son prédécesseur, et confirme que la Hammer a fortement influencé la représentation gothique du vampire au cinéma à partir de cette époque. Une réussite, tant sur le plan des images que du scénario ou de la bande-son, qui a contribué à faire de Christopher Lee un des interprète les plus marquant du comte, et de Terence Fisher un véritable génie du genre fantastique au cinéma.

Trailer de Dracula Prince des Ténèbres

Fisher, Terence. Dracula, Prince des ténèbres. 1966 Fisher, Terence. Dracula, Prince des ténèbres. 1966 Fisher, Terence. Dracula, Prince des ténèbres. 1966

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