Cass, Henry. Le Sang du vampire. 1958

Condamné au bagne pour avoir tenté de sauver un de ses patients en ayant recours à une transfusion, John-Pierre est finalement conduit dans un asile pstchiatrique dirigé par le Professeur Callistratus. Rapidement, son statut de médecin lui vaut l’intérêt du maître des lieux, qui fait de lui son assistant. Car Callistratus effectue des expériences sur la transfusion sanguine, expériences semblant reliées aux nombreuses disparitions des aliénés qui croupissent derrière les cellules de la prison.

S’étant déjà fait connaître avec les premiers films horrifiques de la Hammer (dont le premier Frankenstein), et la même année que le Dracula de Terence Fischer (dont il est également le scénariste), Jimmy Sangster se voit confier par un duo de producteurs anglais le scénario de ce film à l’ambiance très gothique, dont l’histoire lorgne vers la figure du savant fou, tout en jouant fortement sur le thème du vampire (et certains aspects scientifiques du mythe).

Le résultat, s’il n’est pas exempt de quelques longueurs et d’effets spéciaux pas toujours au top (à commencer par le maquillage de Carl, l’âme damnée de Callistratus) propose un savoureux moment de fantastique gothique, porté par des décors pesants (la prison, qui concentre l’essentiel de l’intrigue), une galerie de personnages très réussis (que domine sans hésitation Callistratus, que ce soit au niveau de son physique que de son interprétation glaciale) et de nombreuses idées scénaristiques intéressantes.

Si l’introduction semble poser l’intrigue dans un cadre fantastique très hammerien (scène de campagne et mise à mort de la créature à la clé), force est de constater le revirement rapide de l’intrigue, qui appuie rapidement un côté très scientifique (ce qui rapprocherait davantage le film d’un Frankenstein). Pour autant, niveau visuel, on est dans la droite lignée des films d’alors de la maison de production de Michael Carreras et Anthony Hinds : un ancrage dans le XIXe siècle, des tons ocres, de sculpturales actrices dont on hésite pas à dévoiler (sagement, même si à l’époque cela valut au film une interdiction au moins de 16 ans) la plastique. Et surtout, un bad guy charismatique, dont le physique lorgne plus vers Bela Lugosi que vers Christopher Lee, et qui apparaît autant comme la clé de voûte de l’intrigue (toutes les péripéties tournent autour de ses recherches) que comme l’attraction principale du film.

Le thème du vampire apparaît d’emblée sous ses atours classiques, à travers la mise en scène d’une séquence d’exécution au pieu assez réussie. Pourtant, c’est peut-être davantage l’intérêt de Callistratus pour les transfusions qui lui vaut se traitement. Pour autant, la technique qui lui permettra de survivre au-delà de la tombe risque fort de voir le mythe le rattraper, et son besoin de sang aller croissant. Un besoin de sang qui prendrait sa source dans une mutation opérée lors de la résurrection du docteur.

Le sang du vampire est un film réussi qui n’a pas à rougir face à certaines des productions de la Hammer, même si je lui trouve plus de défauts que les incontournables du studio anglais. Pour autant, son casting réussi (Barbara Shelley, comme toujours à son avantage), son scénario qui puise autant chez Dracula que chez Frankenstein et sa réalisation assez efficace en font un film franchement agréable à visionner. A noter que le travail d’Artus Films permet de le découvrir dans un montage le plus complet possible, même si du coup la qualité de l’image et du son ne sont pas toujours homogènes. Les amateurs de l’éditeur apprécieront par ailleurs de retrouver Alain Petit aux commandes du bonus vidéo habituel, au cours duquel il se penche sur la filmographie des différents intervenants du film.

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Une réponse à Cass, Henry. Le Sang du vampire. 1958

  1. AMNESIA dit :

    Un film intéressant à découvrir, de par le traitement du thème du vampire, et la référence à Frankenstein. Le ton est donné, l’approche est ici scientifique et ancrée dans un contexte social. Par ailleurs, le personnage de l’homme de confiance, Carl a une certaine épaisseur de lucidité, alors qu’il interprète le rôle de l’homme « simple » dans un asile d’aliénés, se retourne contre son maître, à l’instar de la créature du savant fou.
    On y retrouve certains personnages de DRACULA de Bram Stoker, chez le médecin John Pierre en John Seward, Carl en Renfield, le professeur Bernard Meinster en Van Helsing, et un lieu auprès de l’asile d’aliénés.
    Les thèmes de la corruption au sein de la justice et de la médecine contribuent fortement à l’intrigue, même si le dénouement est prévisible.

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