Alfredson, Tomas. Morse. 2009

Oskar est un adolescent fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance. Quand Eli s’installe avec son père sur le même pallier que lui, Oskar trouve enfin quelqu’un avec qui se lier d’amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l’intriguer… et son arrivée dans cette banlieue de Stockolm coïncide avec une série de morts sanglantes et de disparitions mystérieuses. Il n’en faut pas plus à Oskar pour comprendre : Eli est un vampire. Leur complicité n’en pâtira pas, au contraire…

Si vous espérez voire un film de vampires orienté action à la Vampires ou Une nuit en enfer, oubliez tout de suite ce film. Tomas Alfredson n’a en effet absolument pas puisé ses inspirations dans les classiques hollywoodiens en matière de vampires. A l’instar d’œuvres plus originales comme La sagesse des crocodiles ou The Addiction, il propose ici une relecture du mythe qui ne crache pas sur les règles du genre mais propose un rythme et une manière de faire totalement en marge de ce qu’on peut voir habituellement. Tiré d’un best-seller suédois (donc l’auteur est en même temps le scénariste du film), ce film est magnifiée par une photographie impressionnante, une froidure qui transpire à chaque plan.

Et au cœur du film, deux enfants qui bluffent par la justesse de leur interprétation. De l’aveu du réalisateur, ils n’ont pas eu connaissance du script global avant la fin de la réalisation, celui-ci les mettant en courant des scènes au fur et à mesure des jours de tournage. S’en ressent une simplicité et un naturel qui font mouche et rend d’autant plus crédible leur relation. La pureté romantique de la relation amoureuse entre deux enfants d’une dizaine d’année (relation que leur âge rend totalement asexuée), les difficultés pour l’enfant de communiquer et de partager avec le monde des adultes (très bien rendu par des caméras qui filment ce que voit les jeunes acteurs, soit à leur hauteur), autant de thèmes que le film aborde avec justesse.

Le monde des vampires tel qu’abordé dans ce film reprend certaines caractéristiques du genre. On est ici en présence de buveurs de sang n’évoluant qu’à partir de la tombée du jour. Ils sont à même de « voler » et de grimper telle une araignée sur les murs, et sont nantis d’une impressionnante force physique. La lumière du jour leur est fatale, et ils ne sont pas en mesure de pénétrer en un lieu sans y avoir au préalable été invité. Le titre du film, tiré d’une chanson de Morrissey (ex-chanteur des mythiques Smiths) y fait ainsi allusion.

Un nouveau film de vampire au rythme inhabituel, qui insuffle un peu de nouveauté à un mythe pourtant déjà exploré en long en large et en travers. Où l’art et la manière d’aller au-delà du de se servir d’un mythe pour métaphoriser son propos. Une démonstration impressionnante qui risque fort de marquer les esprits des vampirophiles cinéphiles. Loué soit ZoneBis de nous avoir permis de découvrir ce film incroyable, qui plus est en présence de son réalisateur !


Alfredson, Tomas. Morse. 2009
Alfredson, Tomas. Morse. 2009
Alfredson, Tomas. Morse. 2009

14 réponses à Alfredson, Tomas. Morse. 2009

  1. Asmodée dit :

    Morse est un film que j’attends depuis un certain temps déjà et qui a l’air particulièrement réussi. Le seul bémol est de constater une nouvelle fois encore le faible nombre de salle qui prenne le risque de projeter cette oeuvre qui est pourtant apte à séduire un large public amoureux de fantastique. Pour dire, vivant dans une ville moyenne du sud, il faudrait me rendre sur Marseille ou Carcasonne pour voir le film… Aucune projection ailleurs, même sur Montpellier. Vraiment dommage.

  2. FredMJG dit :

    Hello ! Puisque tu es venu sur mon blog, tu sais déjà que je suis entièrement d’accord avec ton analyse. J’ajouterais cependant que tu mets le doigt sur ce qui m’a le plus frappé finalement (outre toutes les qualités dont tu fais état) : le froid étrange que semble exsuder le film… c’est bien simple, j’ai chopé la crève !
    Et de lire le commentaire précédent me fait apprécier de vivre sur Paris !

  3. Freak dit :

    Hello

    On a réussi à monter des séances du film à Chartres en le réclamant à corps et à cris – du coup si tout le monde fait de même le film qui a quand même gagné à Gerardmer pourrait remonter un peu.

    Est-ce que qquun connaître d’autres films de ce genre?

    Sinon pour le côté asexué je n’ai pas bien compris la scène ou on voit le sexe de la petite fille présente comme une cicatrice (quand elle essaye robe de la mère)??

    Fr.

  4. Anthoblack dit :

    Freak, comme le dit Eli dans le film : "m’aimerais-tu si j’étais un garçon ?", elle n’est pas une fille… Dans le livre on apprend qu’elle est un garçon de 12 ans depuis 200 ans, qui a été castré… D’où la cicatrice.
    Note que ce passage a aussi pour but de montrer l’amour platonique (et non sexuel) qu’on encore les jeunes à cet âge…

    Pour ce qui est des séances, pas facile en Belgique de trouver ce film (parut en juillet sous le titre original, et non pas "Morse"). Seuls deux complexes l’ont proposé (à Bruxelles et à Anvers). J’ai failli passer à côté…

  5. Anthoblack dit :

    Vladkergan, si tu ne l’as pas encore, je te conseille vivement la bande originale du film, ne fut-ce que pour les chansons "Eli’s Theme" et "Oscar In Love". Et dans le film, il y a également la chanson de Secret Service "Flash In The Night"… assez rétro évidemment (et fait penser vaguement à Abba…).

    J’avoue que j’aimerais bien partir pour la Suède et voir les quelques paysages enneigés… En tout cas, j’ai hate de la sortie du livre en français… Si tu as des nouvelles à ce sujet, j’accueillerai l’info avec plaisir !

    Quand je pense qu’il est déjà plus en salle… Snif… Vivement le DVD. Quant à la version américaine… Pas pressé -_-‘

    Bonne continuation dans tes rédactions de qualité. J’espère que le tutoiement ne te gène pas dans mes commentaires 😉

    PS : merci pour ton commentaire sur mon blog (il t’est bien sûr libre de le consulter… même s’il est très personnel)

  6. Asmodée dit :

    Ce film est un pur joyau, un petit chef-d’œuvre comme il en existe trop peu. On ne peut pas vraiment dire que c’est un long métrage qui claque ou qui est grandiose, car il est en réalité bien plus que cela. C’est presque une œuvre intime, pudique, servit par une ambiance fabuleuse. L’intrigue, adulte et sans fausse note, bouscule chez le spectateur une foule d’émotions.

    La vision européenne du vampire, enfin de retour, est abordée avec une maestria sur presque tous les plans. Dans la réalisation d’abord, bourré d’idées et à la mise en scène ciselé. Et puis il y a les deux protagonistes principaux, Oskar et Eli, touchants et justes dans leur interprétation. En un peu moins de deux heures, on est réconcilié avec la figure vampirique, car on la retrouve sous son jour le plus sombre, torturé et séduisant… celui que l’on aime mais que la vision américaine avait rendu un peu trop sexy et popcorn. Une grande partie des thèmes et mythes liés aux buveurs de sang y sont mis en lumières.

    Morse, c’est le genre de film qu’on veux revoir dès le générique de fin. Il ne s’agit pas d’un simple coup de cœur dans son cas, mais d’un sentiment bien plus fort. Je le place bien sûr dans le top 5 de mes films de vampires favoris… mais ça ne rend même pas justice à sa beauté.

    Une adoration qui rend encore plus hostile quant au remake en préparation. Parce qu’avec Morse,franchement, il n’y en avait pas besoin.

  7. JEAN-DAMIEN dit :

    MORSE est un bon film. le premier avec une vision personnelle depuis longtemps, j’ai peur du remake US. Le film originel est passé presque inaperçu alors qu’il y avait tout le ramdam habituel pour TWILIGHT, qui dit en passant est une bouse pour les plus de 13 ans. je peux parler des 2 films, je les ai vu et MORSE en salle, bénédiction d’habiter à Paris pour ce genre de chose car il n’est pas resté longtemps à l’affiche.
    Ensuite, ne lisant pas le Suédois, j’ai couru chez W.H.SMITH pour me procurer le roman, qu’il n’ont pas trouvé, il était classé en policier, je l’ai commandé donc, je l’ai lu. c’est excellent avec des choses en plus moins explicites dans le film.Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist doit sortir en Français chez Télémaque (office du 11 Mars).

  8. pito dit :

    Gros coup au cœur que ce superbe film vu a Lyon au Comoedia puis a Villefranche sur Saône dans une salle avec 4 spectateurs (merci a ces 2 cinémas indépendant). Quelques jours auparavant Arte en avait longuement parlé ce qui m’avait heureusement intrigué, et ce fut donc un sacré choc a la 1ère séance. Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’émotions multiples et contrastées et souvent "morse" bouleverse pour l’empathie que l’on ressent a l’égard des personnages ….

  9. Sig dit :

    Bonsoir,

    j’apprends en lisant vos posts qu’un remake de Morse US va être effectuer. La honte à ces foutus producteurs Américains, nous passionnés de l’histoire de vampire nous voyons déjà rangés dans la catégorie "effet de mode" avec Twilight et compagnie et voilà que maintenant que nous avons la chance d’avoir un VRAI film de vampire on le refait à la sauce américaine pour nous en faire un blockbuster vide d’âme.

    Je suis désolé de m’écarter du sujet mais pour moi, ce film n’a surtout pas besoin d’un remake.

    Pour en revenir au sujet un film pour lequel les éloges sont difficiles à formuler après l’avoir vu, un comme j’aimerai en voir plus souvent.

  10. Flo dit :

    Je m’étonne de voir tant de bonnes critiques à propos de ce film…
    Je n’ai personnellement pas du tout accroché, passant mon temps à attendre qu’il se passe quelque chose d’intéressant. J’ai eu l’impression que l’histoire tournait en rond, et la fin était tellement prévisible…
    De plus, voir une petite fille avec tout ce sang sur elle m’a dérangé. Un peu, ok, mais là…

    Je ne le déconseille cependant pas, les amateurs d’hémoglobine apprécieront.

  11. Ewelf dit :

    Enfin vue ce magnifique film. Après avoir entendue beaucoup d’éloges sur Morse, je peux à mon tour ajouter la mienne. Un film magnifique qui nous change des films de vampires où l’action prime. L’ambiance y est tendue du début jusque la fin. Le caractère d’Eli, le vampire, nous dérange par sa dualité entre l’enfant sage (ami de Oskar) et sa soif de sang. Ces différences sont très marqués dans le film par d’un côté des scènes calmes se passant dans un cadre pur et blanc (des murs,de la neige, de la piscine …) et des scènes plus violentes où le sang vient tacher cette perfection. Certains gros plans de Eli (ensanglantée, cheveux noirs…) font penser à des films asiatiques du genre du fantôme dans the Grudge.
    Un incontournable dans la cinémathèque vampirique.
    Comme beaucoup d’entre-vous, on peut se demander pourquoi faire une adaptation d’un film de cette qualité.

  12. Frenzy dit :

    Ce film est un chef d’oeuvre, il est sombre, beau, et d’une poesie aussi noire que fascinante.

    Je le conseil à tout les fans de fantastique, et à tout ce qui voudrait un appuit fiable sur le genre, car ce film de vampire est une perle rare mais malheureusement peu connus.

    Tout en ce film est contrasté: le ciel, d’un noir d’encre, en opposition avec cette neige blanche et pure, les camarades d’Oskar, jeune et pourtant aussi violent que leurs ainés…

    C’est à ce demander pourquoi les Amerloques en on fait un remake.

    En tout cas, procurer vous ce film, il est magnifique, loin devant cette désolante serie de film pour ados dechainé commencant par un "T" et finissant pas "wilight".

  13. dasola dit :

    Bonjour, très beau film assez touchant sur cette enfant vampire victime des hommes. Le roman est paraît-il plus sombre encore. Le mythe du vampire est bien renouvelé. Bonne fin d’après-midi.

  14. Vladkergan dit :

    Pour poursuivre de manière approfondie votre découverte du film de Thomas Alfredson, n’hésitez pas à aller jeter un oeil à l’étude d’Amnésia concernant le film : https://www.vampirisme.com/encyclopedie/morse-histoire-metamorphose/

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